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Introduction de la culture comorienne
La population des Comores, pour une grande part d'origine ethnique bantou, est essentiellement musulmane sunnite de rite chaféite. La religion structure en grande partie la société, mais de nombreuses coutumes et schémas sociaux propres aux peuples d'Afrique de l'Est (culture swahilie), sont profondément ancrés dans la vie de tous les jours :
La richesse, l'ambiguïté, le génie et donc le fondement même de la société comorienne est la recherche d'équilibre permanent entre diverses traditions quelquefois contradictoires. Ainsi tout s'oppose : matriarcat/islam, tradition comorienne bantou/modernité à la française, etc. sans jamais s'exclure. Les fêtes culturelles/religieuses
La structure sociale
Comme de nombreuses sociétés bantoues l'individu n'est rien face au groupe. L'appartenance au groupe est le fondement de la société et toute mise à l'écart est la plus sévère des punitions. Aux Comores, l'appartenance se définit d'abord par le village d'origine ensuite par l'appartenance à des sociétés de type initiatique. Ces liens forment un quadrillage qui définit un individu. D'autre part, si déjà aux Comores les comoriens ont une tendance forte à se regrouper par communauté d'origine et même de village, ce comportement est encore plus marquant à l'étranger ou les communautés d'îles différentes n'ont pratiquement aucun contact entre elle. Les classes sociales
La société de type initiatique
En Grande Comore, la situation est plus hiérarchisée que dans les autres îles. Le pouvoir obtenu par l'obtention de ce statut engendre des situations et des comportements très particuliers. On estime que cette coutume en Grande Comore est un frein au développement. Les Wandru Wadzima, les hommes accomplis :
Les Wanamdji en Grande Comore et wanahirimu dans les autres îles, qui n'ont pas fait le grand mariage
La famille
La famille traditionnelle est matriarcale, ce qui ne va pas sans contradiction avec la tradition musulmane. Les règles sont codifiées et très logiques si l'on accepte ce système. Ceci a pour conséquence :
Le système de l'honneur est également particulier. La plus grande punition que l'on peut infliger à un homme, c'est l'ostracisme. Vivre seul est la plus grande malédiction que l'on puisse souhaiter à un homme, aussi à cette idée, tous rentrent dans le rang. L'adoption est également une pratique courante, l'enfant dit alors maman à plusieurs femmes, et il sait parfaitement qui est sa génitrice. Une femme adopte, mais l'autre n'abandonne pas, la mère confie l'enfant parce que la mère adoptive a envie d'en avoir un avec elle, parce qu'elle ne peut plus en assurer la garde, etc. Si le besoin s'en fait sentir, l'enfant peu fort bien retourner vivre avec sa mère biologique, ou une autre… Les divorces sont courants, il n'est pas rare pour une femme de se marier plusieurs fois.
Il existe plusieurs sortes de mariage et ils n'ont pas tous la même valeur sociale dans chacune des îles. Le mariage festif et de notoriété s'appelle grand mariage. C'est le but de tout homme et femme respectable. Les mariages forcés entre jeunes filles et vieux messieurs (il faut être riche donc souvent vieux pour s'offrir un grand mariage) sont de moins en moins acceptés et restent une préoccupation des jeunes filles même s'ils deviennent rares. Ce thème est très présent dans les concours de nouvelles pour lycéens organisés dans la COI auxquels les Comores participent. La religion et les croyances
- Les pratiques magiques
Issu des croyances africaines, le savoir-faire des Comoriens dans l'occultisme est très réputé dans l'océan Indien. Ali Soilih, dirigeant de l'État Comorien entre 1975 et 1978 a fermement poursuivi et persécuté les auteurs de ces pratiques (ulémas qui sont aux Comores les gardiens de toutes les traditions).
- Les pratiques de l'islam
L'archipel a été islamisé du XIIe au XVe siècle. L'islam pratiqué est un islam tolérant de rite chaféite. Surtout dans l'Union des Comores, les enfants ont pour premier lieu de formation l'école coranique ou ils apprennent à lire et écrire en caractère arabe et à réciter les versets. Il n'est pas rare d'y rencontrer des personnes se réclamant du soufisme. En Grande Comore, les ulémas s'attachent à garder vivante les coutumes issues d'Afrique ainsi que les pratiques islamiques. Ces deux héritages sont quelquefois en contradiction ce qui colore d'une façon très originale l'islam des Comores. On peut citer par exemple dans cette île :
etc.
Les enjeux et transformations
Les langues
Il existe trois langues officielles dans l'Union des Comores : le shikomori ou comorien, l'arabe et le français. Mayotte étant un territoire sous administration française, la langue officielle est le français. De nombreux Comoriens parlent également le malgache ou Shibushi pour différentes raisons :
La cuisine
Comme la cuisine créole, elle est influencée par les cuisines indienne, arabe, malgache et africaine.
Les aliments de base les plus consommés sont le riz, le manioc et les bananes plantains (ndrovi). La noix de coco est la base de nombreuses sauces.
On peut signaler les savoureuses spécialités suivantes :
On y savoure aussi des plats et spécialités directement d'origine indienne :
Grand mariage
Le Grand Mariage ou Enda (en Shikomori) est une coutume importante dans l'archipel des Comores. Il ne revêt cependant pas la même importance ni la même signification dans les quatre îles des Comores. Comme typiquement dans les sociétés bantoues, la société est organisée en fonction des classes d'âge et différents mérites ou rituels accomplis. Cette organisation permet un certain mixage social qui sert à la fois d'échappatoire, (un ami, même noble, peut y être brocardé par exemple). L'aboutissement de cette organisation est le Grand Mariage. L'importance sociale que cela génère diffère selon les îles.
La tradition veut que tout homme dans l'âge et qui dispose de la possibilité financière, épouse une femme (de préférence du même village que lui). Le mariage non coutumier ou " Mnadaho " ne comporte, lui, aucune festivité exceptée la cérémonie religieuse en présence du Cadi et la dot. ![]() Aujourd'hui
Mariage traditionnel
Cette description présente le mariage tel qu'il se pratiquait il y a 50 ans. Première étape
Plusieurs années avant le Grand mariage, les parents des futures mariées consultaient le " Moualimou " et le Chef des Cadis pour décider de l'alliance et fixer la date des réjouissances. L'épouse choisie par les parents était toujours beaucoup plus jeune que son mari et devait rester vierge jusqu'au mariage. Les femmes comoriennes sont en général propriétaires de leurs maisons et les hommes habitent chez leurs femmes après le mariage. Ces cérémonies sont :
Les préparatifs
Chez le père de la fiancée, se réunissaient les notables, les parents et amis du futur époux , l'autorité religieuse représentée par le Cadi ou l'imam, pour un dîner au cours duquel est annoncée la date du mariage et c'est souvent lors du mois d'août. Les préparatifs commencent avec la décoration de la maison nuptiale inondée de banderoles, guirlandes et fleurs et la préparation des plats tels que le riz au coco, le Mataba( feuille de manioc au coco), le tibé(viande cuite de cabri ou de bœuf). Le Mariage
La cérémonie du Grand Mariage durait neuf jours. Le matin même, vers dix heures, une foule composée de membres de la famille et quelques amis vient chercher le futur marié pour le conduire jusqu'à la demeure de sa fiancée. Ce dernier habillé tel un Sultan d'une robe brodée, une canne au pommeau d'argent à la main, un collier de fleurs autour du cou, défilait, porté en palanquin, suivi d'hommes et de femmes qui chantaient et dansaient. Enfin tout le défilé entrait dans la maison de la jeune mariée qui demeurait invisible durant les préparatifs. Elle était vêtue de rose en signe de virginité. Nota : Les hommes et les femmes, conformément à la tradition musulmane, sont séparés durant les cérémonies. Une fois "grand marié" l'homme obtient un statut (c'est le septième et plus haut échelon social), qui donne droit de participer et de donner son avis en public en ce qui concerne les affaires du village Les neuf journées
Pendant neuf jours, les fiancés demeurent dans la maison, recevant la visite de leurs amis venus les féliciter et leur offrir des présents. Des femmes apportaient en cortège : des billets d'argent, des parfums, du savon, des pièces de tissus, du bois, des ustensiles de cuisine, etc.. tout ce qui était nécessaire pour monter un jeune ménage. Dans la chambre nuptiale, se tenait également une femme qui régulièrement enduisait le corps des époux d'huile de coco parfumée. Chacune de ces neuf journées était également ponctuée de nombreuses fêtes dans la cour de la demeure nuptiale ou dans les rues de la ville : veillées, défilés, chants et danses rythmées au son des tam-tam et des tambours. Un grand mariage pouvait ainsi offrir l'occasion aux femmes d'exécuter la danse du pilon ou " Wadaha ". Elles se mettaient à danser autour d'un mortier où elles pilaient du riz à l'aide d'un grand bâton ; de temps à autre, elles jetaient en l'air le bâton qui était rattrapé par la danseuse suivante. Fin de la Cérémonie
Le neuvième jour, le mariage est consommé. Le marié peut dès lors sortir de la demeure et partager un festin avec sa famille et ses amis. Le lendemain, il offre à sa femme sa dot, condition essentielle de la validité du mariage, les bijoux d'or, d'argent, ainsi que les soieries qui étaient exposées au regard des invités. Evidemment le cérémonial de la dot varie selon l'époque, la région et le milieu social. Il existe en droit comorien deux sortes de dots : La dot religieuse ou le " Mahari ya Sharia " qui s'offre pendant le mafungigzo et la dot coutumière le Mahari ya Aanda offerte durant les festivités. La dot classique se limite souvent à un pouni. Le pouni est une pièce d'or de 7 à 8 g. Une fois le Grand Mariage accompli, l'époux peut porter une écharpe de soie brodée, une canne au pommeau d' argent ciselé, signe de reconnaissance à son accession à ses nouvelles fonctions et à son haut rang dans la société insulaire. Dans les autres îles
Dans les autres îles, le mariage coutumier et les autres rituels du cycle de vie (circoncision du fils, mariage de la fille, funérailles des parents) permettent à l'individu de s'acquitter de sa part d'échanges et en particulier du festin de classe d'âge (shungu). Ces échanges sont codifiés de manière à rester très égalitaires (liste des denrées et de leur quantité). Les cérémonies sont donc moins fastueuses et moins coûteuses. Le grand Mariage n'offre pas de statut social au marié. |
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